Pêcherie pélagique sud

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Pêcherie pélagique sud


Elle est opérée dans la région sud du Maroc entre Boujdour et Lagouira entre les parallèles 26°N et 21°N (cf. MAP) par une flotte nationale et une flotte étrangère. La flotte nationale est constituée de chalutiers pélagiques de type RSW et de senneurs côtiers. La flotte étrangère opérant dans le cadre d'accords de pêche avec le Royaume du Maroc, est constituée de chalutiers pélagiques congélateurs.
Cette pêcherie cible la sardine, le maquereau, les chinchards et la sardinelle, les principales espèces de petits pélagiques du sud marocain. C'est une région très poissonneuse grâce à l'upwelling permanent assurant la remontée d'eaux froides profondes riches en nutriments et sels nutritifs.
En 2019, les déclarations font état d'une production de 720 000 tonnes de petits pélagiques réalisée par cette pêcherie.



La Pêcherie Pélagique Sud est assurée par une flotte nationale et une flotte étrangère qui opère dans le cadre d'accords de pêche avec le Royaume du Maroc.

La flotte nationale

Les RSW :

pps01.jpgLa flottille des RSW est constituée de 28 unités de chalutiers pélagiques dotées du Système RSW (Refrigerated Sea Water) qui est un système de conservation du poisson dans des calles remplies d'eau de mer réfrigérée. Ce système permet le stockage de grandes quantités à bord dans de très bonnes conditions de conservation de la qualité des poissons à condition d'avoir des capacités de réfrigération suffisantes. Parmi ces 24 unités de pêche, 22 sont des bateaux chalutiers pélagiques et 2 sont des senneurs. Le chalut pélagique ou semi-pélagique autorisé pour ces unités supérieures à 150 TJB est constitué de filets dont la petite maille est égale ou supérieure à 40 mm de côté. Avec un TJB moyen de 762 tonneaux variant entre un minimum de 413 et un maximum de 973, une puissance motrice moyenne est de 2524 CV, leur capacité de conservation à bord varie entre 300 et 500 tonnes avec quelques unités pouvant aller jusqu'à 700 tonnes. Une fois les bancs de poissons détectés, l'opération de chalutage est effectuée à une vitesse moyenne de 5 nœuds pour des traits de chalut variant entre 2 et 4 heures correspondant à des parcours compris entre 10 et 20 milles nautiques. Le filage (mise à l'eau) peut durer environ 20 min et le virage (remontée) du chalut dure 30 min approximativement. La récupération de la capture s'effectue par pompage. La capture pompée passe d'abord par le flexible puis conduite à un séparateur pour élimer l'eau de mer pompé avec la capture, puis dirigée jusqu'aux cales de stockage qui sont remplies à moitié en eau de mer réfrigérée (entre -3°C et 0°C). La durée pompage du poisson dépend de la quantité de capture réalisée et varie entre 40min et 1h30

Les Senneurs :

pps02.jpgLa flotte de senneurs opérant dans le zone du Sud est constituée de :

  • 75 sardiniers senneurs débarquant au port de Dakhla.
  • 17 sardiniers senneurs débarquant au port de Boujdour.

Ces senneurs font partie d'une flotte nationale côtière comptant environ 694 senneurs actifs en 2018 et opérant le long de la côte Atlantique et Méditerranéenne du Royaume du Maroc.
Dans la zone sud, ce sont des senneurs côtiers armés de senne tournante coulissante de longueurs allant de 400 à 700 m avec une chute moyenne entre 70 et 80 m, mais selon les enquêtes menées par l'INRH, les senneurs utilisent deux types tailles (petite et grande senne) en fonction des profondeurs et des zones de pêche.
La senne tournante coulissante ne peut dépasser une dimension maximale de 1000 m de longueur et de 140 m de chute.
La senne est soutenue en surface par une ralingue fortement liégée surtout au niveau de la poche et maintenue verticalement par le poids de la ralingue inférieure qui est fortement plombée à l'extrémité opposée de la poche pour permettre à la senne d'atteindre rapidement la profondeur de pêche. La ligne inférieure est montée une ligne d'anneaux dans lequel circule la coulisse de boursage.
Une fois la zone de pêche atteinte et le banc de poisson repéré, le bateau opère par l'encerclement du banc de la manière la plus rapide possible (environ 5 minutes) et procède au coulissage qui dure environ 30 minutes alors que la durée de halage des prises dépend de la capture réalisée et varie entre 40 minutes et 2h30.
La conservation du poisson est effectuée dans des caisses normalisées en plastique avec de la glace. Les prises sont mises directement dans les caisses en plastiques et couvertes par de la glace ensuite stockées au niveau des cales.
A Dakhla, les senneurs emportent à bord jusqu'à 2500 caisses tandis qu'à Boujdour entre 2000 et 2300 caisses.
Les senneurs ont un tonnage de jauge brute (TJB) allant de 50 à 130 tonneaux avec une moyenne de 83 tonneaux et une puissance variant entre 300 et 550 CV pour une moyenne de 496 CV.

La flotte étrangère

Chalutiers congélateurs de la Fédération de Russie :pps03.jpg

Ils sont au nombre de 10 chalutiers pélagiques congélateurs russes qui sont dotés d'un système de congélation à bord ainsi que d'une unité de traitement et de transformation du poisson. Les chalutiers russes ont une capacité moyenne de 6334 tonneaux et une puissance motrice moyenne de 6515 cv.
Ces chalutiers possèdent plusieurs unités de chalut pélagique allant jusqu'à 4. Le maillage de la plus petite maille de filet est supérieur ou égale à 40mm de côté.

Chalutiers congélateurs de l'Union Européenne :

Les chalutiers pélagiques opérant dans le cadre de l'accord de coopération en matière de pêche entre le Royaume du Maroc et l'Union Européenne sont au nombre de 13. Ils ont une capacité moyenne de 6560 GT et une puissance motrice moyenne de 5220 KW.

Espèces cibles

La pêche des petits pélagiques est dirigée vers les cinq principales espèces : sardine, sardinelles, maquereau, anchois et chinchards, dominé principalement par la sardine (83% en 2018) et le maquereau (11% en 2018).

Sardine :

pps04.jpgLa sardine marocaine (sardina pilchardus Walbaum, 1792) est une espèce pélagique côtière, allant jusqu'à 200 m de profondeur mais occupe surtout les fonds inférieurs à 100 m. De jour, la sardine est généralement située entre 25 et 55 m de la colonne d'eau, tandis que de nuit elle est située entre 15 à 35 m de la colonne d'eau.
Plusieurs foyers de sardine sont présents dans la zone C dont les principaux sont localisés au nord de Dakhla avec des agrégats relativement dispersés au sud.
La principale période de ponte de la sardine démarre généralement en novembre pour s'achever entre février et mars (pic de ponte principale). Il y a toutefois une ponte de moindre intensité toute l'année. La période de recrutement maximal est située en été.

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Au niveau de la zone sud, la taille de première maturité sexuelle de la sardine est de 18,4cm.
Les évaluations de stock de la sardine menés en 2019 à l'échéance 2018 ont permis d'établir l'état d'exploitation de la sardine fluctuant entre pleinement et non pleinement exploité. Toutefois le fait que certains modèles aient montré un état d'exploitation pessimiste a encouragé plus de vigilance dans la gestion de ce stock, en le considérant comme étant pleinement exploité.

 

Maquereau :

pps06.jpgLe maquereau Scomber colias (Gmelin, 1789) est une espèce épipélagique ou méso-démersale occupant la colonne d'eau de la surface jusqu'à des fonds dépassant les 300 m de profondeur.
Alors que généralement présent à la limite entre le plateau et le talus continental lorsqu'il est à l'âge adulte, le maquereau peut être détecté en de fortes agrégation au niveau de la frange côtière située entre le 24°N et le 26°N.
La période de reproduction du maquereau est étalée sur presque toute l'année avec des pics de ponte enregistrés de novembre à janvier en atlantique centre et plus étalés jusqu'à mars-avril en atlantique sud. La période du recrutement maximal est située en été.
La taille de première maturité sexuelle du maquereau au niveau de la zone sud est de 25cm.

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L'état d'exploitation du maquereau établi en 2019 à l'échéance de 2018 en s'appuyant sur plusieurs modèles d'évaluation indique que le stock est pleinement exploité et que les prélèvements se font dans la limite du stock.

 

Chinchard :

pps08.jpgLe chinchard blanc Trachurus trachurus (Linnaeus, 1758) de la famille des carangidés, espèce qui vit en bancs, est fréquemment rencontré sur les fonds sableux à des profondeurs comprises entre 100 et 200 m et même jusqu'à 600 m, voire exceptionnellement plus de 1000 m.
Dans la région Sud de Boujdour, les fortes densités des carangidés sont répertoriées sur la partie côtière longeant le sud de Dakhla jusqu'à la baie de Cintra. Des concentrations de moindres importances sont détectées au sud de Boujdour, au large de Dakhla et au niveau du Cap Blanc.
Le chinchard blanc se reproduit durant toute l'année avec une intense activité de ponte entre novembre et mars (Automne- printemps). Le recrutement se produit en été.
La taille de première maturité sexuelle du chinchard blanc au niveau de la zone atlantique est de 25cm.

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Les résultats de l'évaluation des espèces T. trecae et T. trachurus, à l'échéance 2018, par le COPACE ont indiqué une amélioration de l'état des stocks des deux chinchards le long de la région nord-ouest africaine. Les deux stocks sont considérés en état de pleinement exploité. Ces améliorations par rapport à l'état de 2017 sont liées à la baisse des captures de ces espèces ainsi que l'amélioration de leurs indices de recrutement. Les dernières évaluations directes acoustiques confirment cette légère amélioration du stock de chinchard.

 

Anchois :

pps09.jpgL'anchois Engraulis encrasicolus (Linnaeus, 1758) est un poisson pélagique vivant en banc. Il s'agit d'une espèce fréquentant aussi bien le milieu marin que les eaux saumâtres. La longévité de l'anchois ne dépasserait pas 3 ans et son alimentation est basée sur le zooplancton.
Dans la zone sud de Cap Boujdour, bien qu'actuellement il ne fasse pas l'objet d'une exploitation par les flottes opérant dans le cadre de la pêcherie pélagique sud, l'anchois Engraulis est présent au sud de Boujdour et en particulier entre la baie de Cintra et Cap Barbas. Deux agrégations sont identifiées : la première localisée au niveau de la baie de Cintra et une deuxième de densité relativement plus importante située au nord de Cap Barbas.
En atlantique Centre, la phase de reproduction de cette espèce est observée toute l'année avec une intensification en juillet-août correspondant au pic de reproduction. Le recrutement survient toujours en hiver, avec un pic entre décembre et février.

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La taille de première maturité diffère en fonction des zones (entre 11 cm et 12cm) et affiche une variabilité interannuelle très marquée.
En se basant sur les informations biologiques et d'exploitation relatives aux zones Nord et Centre, le stock de l'anchois a été évalué en 2019 comme étant en état de pleine exploitation à l'échéance 2018.

Les zones d'activités et des stratégies de pêche sont définies par la nécessité du respect des mesures spatio-temporelles instaurées dans le cadre du plan d'aménagement relatif à cette pêcherie, ainsi que par le choix et la disponibilité des espèces cibles.

Mesures spatiales de gestion :

La pêche aux petits pélagiques est en permanence (toute l'année) interdite :

  • Sur une distance de 08 milles marins calculés à partir de la ligne de base, pour les senneurs Type RSW d'une TJB > 150 tonneaux et pratiquant la pêche fraîche ou réfrigérée
  • Sur une distance de 12 milles marins calculés à partir de la ligne de base, pour les chalutiers pélagiques Type RSW d'une TJB > 150 tonneaux et pratiquant la pêche fraîche ou réfrigérée

En plus des mesures cantonnement (milling), des fermetures spatio-temporelles pour la préservation des phases sensibles des petits pélagiques sont instaurés dans le cadre du plan d'aménagement :

  • Deux zones au niveau de la Méditerranée sur 6 milles marins fermées du 1er au 31 décembre inclus et du 1er juin au 31 juillet inclus, de chaque année.
  • Deux zones au niveau de la zone centrale sur 8 milles marins et 10 milles marins fermées du 1er janvier aux derniers jours de février inclus et du 1er juillet au 31 août inclus, de chaque année.
  • Une réserve comprise entre 24 et 25 °N sur 15 milles marins, pour cinq ans, et une zone de fermeture située entre les parallèles 22°N et 23°N sur 15 milles marins durant la période mai-juin de chaque année.
  • Deux zones de fermeture au niveau de la zone Sud sur 25 milles marins et 40 milles marins pendant la période janvier-février de chaque année.

Zones d'activité de pêche :

Avec une vitesse de navigation comprise entre 6 et 8 nœuds, les senneurs opèrent le plus souvent dans des zones côtières. Ils ciblent et débarquent essentiellement la sardine.
Les navires chalutiers RSW ont des vitesses et des capacités de conservation plus importantes et fréquentent généralement des zones de pêche plus éloignées situées en moyenne de 30 à 50 miles nautiques distantes du port de Dakhla. Toutefois, les zones de pêche fréquentées peuvent s'étendre jusqu'à la latitude 26°N au Nord et 22°N au Sud.
L'exploitation est axée principalement sur la sardine et avec une moindre mesure sur le maquereau.

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L'analyse des zones d'activité de la pêche des navires de l'UE de la catégorie 6 confirme la présence des deux stratégies de pêche : le métier de pêche des sardines et sardinelles et celui ciblant les maquereaux, les chinchards et l'anchois.
Les principales zones de pêche sont situées au Sud de Cap Barbas. Néanmoins, l'activité de ces flottes peut s'étendre jusqu'au Cap Boujdour.

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pps13.jpgLa production en 2019 en petits pélagiques de l'ensemble des segments opérant au sud a atteint 789190 tonnes soit 56% de l'ensemble des captures de ces espèces effectuées sur les côtes marocaines. Cette production a été composée de 75% de sardine et de 22% de maquereau.
Les flottilles marocaines (senneurs et chalutiers type RSW) contribuent en moyenne à 77% de la production réalisée au niveau de la zone C et à 42% en moyenne à la production nationale. Les chalutiers pélagiques russes et de l'UE ne contribuent que de 8% et 4% respectivement à la capture totale en petits pélagiques réalisée dans les eaux marocaines.
Les captures des petits pélagiques réalisées au niveau de la zone C ont connu une augmentation continue depuis 2005. A partir de 2015, la production s'est stabilisée autour d'une moyenne de 790 000 tonnes. Le passage de 2018 à 2019 a été marquée par une amélioration des apports des flottilles en petits pélagiques de 10%.

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